Octobre Rose – Carac Rose : Je viens casser l’ambiance
Chaque année, la campagne « Octobre Rose » sensibilise au cancer du sein. En Suisse romande, Migros et plusieurs boulangeries proposent un « Carac Rose », dont une partie du prix est reversée à des associations qui soutiennent des personnes touchées par le cancer du sein et leurs proches.
Et c’est là que je viens casser l’ambiance en tant que praticienne en naturopathie qui a une approche systémique.
Ce geste, qui montre un engagement sincère et apporte des ressources précieuses aux personnes concernées, mérite pourtant une nuance importante.
Le Carac Rose est une pâtisserie très sucrée (38 % de sucre) et pauvre en fibres, contenant notamment :
huile de palme, huile de colza, huile de colza totalement hydrogénée, trois types d’émulsifiants (E471, E322, E476), du sirop de glucose, ainsi que des arômes et colorants (E162) (j’ai regardé les ingrédients sur l’emballage des caracs roses de la Migros).
Certains de ces ingrédients, en particulier les sucres ajoutés et les graisses hydrogénées, sont associés à une augmentation du risque de cancer lorsqu’ils sont consommés en excès (PMID 31292122, 38349899, 34152461).
Le colorant E162 est le rouge de betterave (bétanine), un colorant naturel non problématique en soi.
Je ne dis pas qu’il faut arrêter brusquement les sucreries. Le plaisir alimentaire est un pilier d’une alimentation saine et je suis loin de prôner un régime restrictif. Pour en savoir plus sur mon approche de l’alimentation saine, rendez-vous sur mon Instagram @Stherapie.
La question qui est au centre de mon interrogation est la suivante :
💡Peut-on soutenir la lutte contre le cancer du sein en consommant un produit qui contient des ingrédients potentiellement nocifs ?
Cette approche est peu représentée publiquement et je crois qu’il est temps de l’aborder.
La solidarité d’une telle initiative est essentielle, mais la prévention passe aussi par une alimentation équilibrée, pauvre en sucres raffinés et huiles hydrogénées. Ça c’est au niveau de la responsabilité individuelle.
Au-delà, la prévention est surtout de la responsabilité politique : quand mettra-t-on fin à l’exposition aux perturbateurs endocriniens, à la pollution, aux PFAS, aux pesticides, à la promotion de l’alcool, du tabac et de la malbouffe ?
Quand prendra-t-on en compte les conditions de vie et de travail, l’accès au soin, le stress chronique, les inégalités sociales, autant de facteurs qui influencent notre santé, notre vulnérabilité aux maladies et donc au cancer ?
Je ne suis pas contre la campagne Octobre Rose. J’espère surtout que cette campagne devienne un véritable levier pour réduire l’incidence du cancer, en ciblant ses causes systémiques qui dépassent la responsabilité individuelle (la pollution environnementale, les inégalités sociales, les oppressions systémiques, la destruction des écosystèmes, etc.).
Finalement, un petit Carac Rose en octobre semble bien insignifiant face à tous ces enjeux que la classe politique peine à réguler.
C’est aussi ça la naturopathie : mettre en lumière des causes systémiques qui ont un impact sur la santé individuelle et sa prise en charge. Et nous déculpabiliser : même s’il en est l’acteur central, l’individu n’est pas le seul responsable de sa santé.